Mercedes W25 Stromlinien-Rennwagen : La flèche d’argent du futur

06/11/2025

Berlin, mai 1937 : Le matin est gris, la piste encore humide. Au bord du circuit de l’Avus - Autoroute transformée en circuit - des milliers de spectateurs se pressent derrière les barrières.

Cette foule immense sait qu’elle va assister à quelque chose de jamais vu…

La W25 sur le circuit de l’Avus
La W25 sur le circuit de l’Avus

Sur la grille, une silhouette d’aluminium prend toute la lumière. Elle est longue, basse, sans aucune aspérité. on dirait une balle d’argent : C’est la Mercedes W25 Stromlinien (Littéralement « Profilée ») Rennwagen.

Cette voiture est issue de la W25 de grand prix, qui selon la formule des 750 kg, la voiture (Sans carburant, ni liquide) ne devait pas dépasser ce poids selon le règlement instauré en 1934.

Une idée née de la vitesse

3 ans plus tôt, la W25 classique dominait déjà les grands prix européens. Mais dans les laboratoires de Stuttgart, les ingénieurs n’étaient pas satisfaits, car persuadés qu’ils pouvaient aller « Encore plus vite ». Cette réflexion donna naissance à un projet secret : Transformer la W25 en machine aérodynamique absolue.

Une aérodynamique très travaillée
Une aérodynamique très travaillée

Les ingénieurs dessinèrent alors une carrosserie visant à réduire au maximum la résistance de l’air :

- Les roues furent carénées;

- Les passages de roues et le châssis furent recouverts d’une coque lisse en aluminium;

- Le dessous de la voiture fut entièrement caréné : Une innovation rare à l’époque.

Grâce à ces modifications, la W25 atteignait un coefficient de traînée (Cx) d’environ 0,23, soit une performance remarquable même comparée à certaines voitures modernes.

Un magnifique travail de carrosserie
Un magnifique travail de carrosserie

Sous la peau d’argent 

Sous cette carrosserie futuriste, un moteur V12 de 5,6 litres de plus de 600 chevaux rugissait (Je vous rappelle que la voiture pèse seulement 750 kg !). La puissance était telle que la voiture vibrait à l’arrêt, comme un fauve prêt à bondir.

Lors des essais sur l’Avus, la W25 Stromlinien atteignit plus de 370 km/h ! (Je vous laisse comparer avec des ultra sportives du XXIème siècle…).

Une vitesse si élevée que les pneus se déformaient sous l’effet de la force centrifuge ! et, les pilotes décrivaient comme une sensation de « Voler sans ailes ».

Le jour de gloire…et de chute

Le 30 mai 1937, le célèbre Manfred Von Brauchitch s’élance sur la célèbre piste Berlinoise.

Devant lui, 19 kilomètres de bitume et de béton, bordés de tribunes noires de monde. La Mercedes argentée file sur les longues lignes droites.

Un profil dédié à la vitesse
Un profil dédié à la vitesse

La belle atteint 300 km/h puis 340 et enfin 370 km/h !! Les photographes n’ont même pas le temps de déclencher leurs appareils.

C’est un succès annoncé, mais le sort en décidera autrement : Au 5ème tour, un mince filet d’huile s’échappe du carter, la pression chute, le moteur s’étouffe…

Von Brauchitsch s’arrête, impuissant… La foule retient son souffle : La voiture la plus rapide du Monde vient de perdre sans avoir été battue.

L’héritage d’un rêve

Même sans victoire la W25 Stromlinien marqua l’histoire : Elle prouva que la vitesse n’était pas qu’une question de puissance, mais de forme, de fluidité, d’intelligence.

Elle inspira toute une génération d’ingénieurs, et préfigura les carrosseries fermées des voitures d’endurance modernes.

L’alliance de l’ingénierie et de l’aérodynamique
L’alliance de l’ingénierie et de l’aérodynamique

Ce n’était pas seulement une voiture, mais une flèche d’argent lancée vers l’avenir. Un exemplaire trône fièrement au musée Mercedes-Benz de Stuttgart.

La carrosserie brille, comme un éclat du futur tombé dans les années 30…